CONSEIL NATIONAL de l'ARAC 11 et 12 octobre 2008

Publié le par ARAC Essonne

 

Rapport de Lucien Duverger Chatellet sur la situation internationale


La situation actuelle est marquée par une crise financière majeure, en partie comparable dans sa gravité et ses conséquences économiques, sociales et humaines à venir, à celle de 1929.

Mais c'est en réalité d'une crise du système capitaliste mondialisé dont il s'agit, d'une crise profonde, structurelle et systémique qui met à mal le dogme du libéralisme, de la libre circulation des capitaux, sans contrôle ou de régulation, le thème, vous vous en souvenez, de la « concurrence libre et non faussée » que le Traité de Constitution Européenne, rejeté par le peuple français, voulait inscrire dans le marbre de l'Europe libérale.


La période est complexe, lourde de dangers, y compris pour la Paix dans le monde.


Nous vivons dans un monde contradictoire et en transformation permanente. Les conditions de notre action pour la Paix, la solidarité, pour un ordre mondial nouveau basé sur le respect des Droits de l'Homme et du Droit international sont nouvelles et appellent de l'A.R.A.C. réflexion nouvelle et prises d'initiatives diversifiées.
L'émergence de pays puissants comme la Chine, l'Inde, le Brésil notamment, les mouvements émancipateurs progressistes en Amérique du Sud, la légitimité démocratique de Gouvernements de Gauche, les progrès de la conscience que les hommes ont, au delà de leurs différences, une véritable communauté d'intérêts et de solidarités, sont réels mais demeurent fragiles.


Une conscience nouvelle se forge face aux ravages du système économique qui se voudrait être « modèle et unique », le capitalisme, avec des luttes diversifiées dans le monde et des convergences autour de la recherche d'alternatives.


Les risques pour l'humanité sont grands. Les puissances d'argent avec leurs idéologues vont renforcer leur agressivité. En même temps, les forces dans le monde qui aspirent et luttent comme l'A.R.A.C., pour changer le monde, instaurer de nouvelles relations entre les hommes et les Etats, un monde plus solidaire, plus juste, plus humain, un monde de paix, oui, ces forces sont nombreuses et grandissent.


Paradoxalement, la crise actuelle, historique, aux conséquences désastreuses pour l'économie et le bien être des hommes, ouvre de nouveaux espaces pour contester le système, contester et combattre la politique agressive des U.S.A., aux plans économique, militaire et géostratégique, pour construire des solutions alternatives, pour substituer au recours à la force et à la guerre la recherche de solutions politiques.

Nous le constatons chaque jour. La politique des U.S.A. en matière dite de « sécurité et de lutte contre le terrorisme » est un fiasco.

Echec en Irak, en Afghanistan (j'y reviendrai), impasse tragique dans le conflit israélo-palestinien.

La stratégie des U.S.A., hélas approuvée et appuyée par la France de SARKOZY et d'autres, alimente le terrorisme, nourrit les injustices, les humiliations, justifie le concept de « choc de civilisations ».

Malgré sa puissance, l'Amérique du nord ne parvient pas à réaliser ses objectifs. Elle n'est plus en mesure de structurer les relations internationales. Jamais l'opposition grandissante à sa politique n'a été aussi largement partagée dans le monde. Cette situation influence fortement la campagne électorale aux U.S.A.

Nous le voyons bien, la stratégie agressive, expansionniste et impérialiste des Etats-Unis les isole dans l'arène internationale. Ce qui, aussi, accroît les tensions, les tentations ou les tentatives de fuite en avant, dans des opérations militaires aventureuses et sans issue.

Le monde est plus dangereux.

Les dépenses militaires ont dépassé en 2006 1200 milliard de dollars. Des armes nouvelles sophistiquées, sont mises au point - pour être utilisées - l'arsenal nucléaire, chimique et bactériologique de destructions massives est largement disséminé. Il est devenu un danger mortel pour l'humanité.

Les crises ou les conflits régionaux, Irak, Iran, Afghanistan, Caucase, Afrique centrale ont des enjeux immédiats politiques, stratégiques, pétroliers ou de maîtrise d'autres matières premières de dimension importante.


La responsabilité des Etats, mais en premier lieu celle des peuples, pour imposer des solutions politiques, respectueuses des intérêts des peuples, des Droits de l'Homme et du Droit international, est désormais, avec leur action, l'arme politique efficace.


Nous vivons le temps d'une responsabilité collective globale.


C'est dans ce cadre, me semble-t-il, que l'A.R.A.C., fidèle à ses idéaux et à ses combats, peut déployer avec plus de détermination, ses actions en faveur du désarmement et de la Paix.

L'A.R.A.C. pourrait confirmer son engagement à participer, dans des formes à définir , à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement -un projet d'édification d'un monde meilleur au XXIème  siècle que se sont assignées les dirigeants de tous les pays - en s'inspirant du message du Secrétaire Général de l'O.N.U. SAN KI-MOON et à relayer une campagne de textos : « J'exhorte les dirigeants et les peuples du monde entier à joindre leurs forces contre la guerre, la pauvreté et la faim, et pour les droits de l'homme pour tous ».

Ce serait particulièrement judicieux quand on sait que selon les Nations Unies, 43.5 % des travailleurs dans le monde gagnent moins de 2 dollars/jour, que 10 000 enfants meurent chaque jour de maladies que l'on pourrait éviter, alors que l'aide au développement des principaux pays capitalistes a diminué de plus de 8 % en 2007.

Nous le savons, l'une des causes majeures de l'instabilité internationale, des tentations de conflits ou de guerre, l'un des terreaux du terrorisme, c'est la pauvreté, la misère, la faim, l'insuffisance criante de crédits pour la santé, le logement, l'accès à l'eau potable, pour des centaines de millions d'être humains.

Agir en faveur de ces objectifs, du désarmement et de la Paix, pour une réorientation de ces masses financières considérables consacrées à des œuvres de mort, pour la justice, le progrès, pour une mondialisation du développement pour les êtres humains et du développement durable, quel formidable moyen de travailler à l'instauration de nouvelles relations internationales, de nouvelles solidarités, quel formidable moyen d'agir sur les causes profondes de l'insécurité du monde et des guerres.

Chacun le comprend - et l'opinion publique internationale - avec la crise majeure actuelle qui met au grand jour les gâchis financiers colossaux du système capitaliste alors qu'une partie de l'humanité vit dans une pauvreté croissante, le combat pour le désarmement, pour la Paix, pour une réorientation positive de ces crédits affectés à l'armement et au surarmement, peut rencontrer un écho plus favorable. Notre combat, loin d'être archaïque et dépassé, est au contraire moderne et vital pour l'humanité.

Plus que jamais, notre mot d'ordre du Congrès de Tremblay en France :

« Combat pour le Paix, Combat pour la vie » est d'actualité et d'une grande pertinence.


Je voudrai maintenant évoquer 4 questions importantes qui appellent informations, vigilance et initiatives, l'Afghanistan, le Caucase avec la Géorgie, la solidarité avec le peuple cubain et le Village de l'Amitié de VAN CANH.


Afghanistan.


L'engagement militaire renforcé de la France aux côtés des U.S.A. et sous commandement de l'OTAN en Afghanistan coûte cher à notre pays.
10 jeunes soldats tués - s'ajoutant aux 13 autres déjà tombés depuis 2001 - 26 blessés supplémentaires, c'est hélas pour ces jeunes, leurs familles et la France, la conséquence d'une guerre qui ne dit pas son nom.

55 % des français se prononcent justement pour le retrait de nos troupes.

L'A.R.A.C. fidèle à ses idéaux de Paix et de Liberté pour les Peuples demande le retrait rapide de l'ensemble de nos soldats.

Les militaires étrangers sont de plus en plus considérés comme des troupes d'occupation : les bavures se multiplient comme l'illustre tragiquement le massacre de 90 civils à SHINDAN. Depuis l'engagement américano-anglais de 2001,  la présence sur place de 70 000 soldats, de moyens logistiques et un armement sophistiqué, la guerre s'enlise. Les idées extrémistes progressent, les talibans et autres sont désormais implantés dans plus de la moitié du pays et bénéficient visiblement du soutien de la population.

Le peuple d'Afghanistan, loin de se satisfaire de la présence des troupes 'occidentales » censées combattre le « terrorisme » rejette cette occupation de fait de son pays et se coalise avec les talibans pour reconquérir indépendance et souveraineté.


Le Président de la République et le Gouvernement s'engagent dans une fuite en avant, aux côtés des troupes U.S. en contradiction avec les objectifs initiaux de l'ONU, à savoir, dans le cadre de la mission confiée par l'ONU à l'OTAN, de « contribuer à la sécurité et à la stabilité du pays », et pour la France, de contribuer à former l'armée afghane, sans s'engager dans des actions militaires.


Ce qui mine l'Afghanistan aujourd'hui, c'est :

-         la situation d'extrême pauvreté (70 % de la population vit avec moins de 1 dollar/jour)

-         la corruption généralisée qui touche les plus hautes sphères de l'Etat

-         le retour de ce pays comme 1er producteur d'héroïne et d'opium dans le monde

-         la nature constitutionnelle de ce pays, islamiste et fondé sur la charia


Les talibans et le terrorisme prospèrent sur ce terreau fertile.

Toute recherche de solution militaire est vouée à l'échec et est génératrice d'engrenage fatal et meurtrier. Diverses personnalités politiques et militaires qualifiées confirment qu'il n'y a pas de solutions militaires en Afghanistan (1).


La France devrait donc retirer ses troupes, œuvrer à une coopération avec le Pakistan, sécuriser les frontières et faire cesser les aides multiformes aux talibans. Il faut aider sérieusement et concrètement le peuple afghan à améliorer son niveau de vie. Il nous faut apparaître, non comme les chantres du combat de la « civilisation occidentale » contre l'islam, mais comme le pays de la Liberté, de l'Egalité et de la Fraternité, la patrie des Droits de l'Homme, qui apporte son aide financière, matérielle et humaine à un peuple ami, afin de favoriser le redressement du pays et le retour à l'indépendance et à la souveraineté de l'Afghanistan pour que son peuple soit enfin en mesure de prendre en main son destin librement.

Dans la perspective d'une solution politique incluant une possible négociation avec les forces progressistes, les autres forces de guerre et de Résistance, y compris les talibans, il faudrait envisager que, dans le cadre de l'ONU, des discussions s'engagent avec si nécessaire,  accompagnant le retrait des troupes US et de l'OTAN, la présence d'une force onusienne d'interposition et de sécurisation pour aider à rétablir la sécurité et la paix.


Après nos adresses aux autorités de l'Etat, Elus, relayées dans de nombreux départements par nos Conseils départementaux et sections locales, notre Conseil national aura à s'interroger sur les formes de la poursuite de nos interventions et initiatives, y compris, en relation avec nos débats d'hier, avec la volonté de s'adresser plus largement à l'opinion publique.


Caucase et Géorgie.


Un rappel succinct des faits et de leur chronologie.

C'est la volonté des U.S.A. de s'installer aux frontières de la Russie qui est à l'origine de cette situation explosive. Les Etats-Unis ont voulu ouvrir des bases organisées ou des systèmes anti-missiles, en République tchèque en 2006, dans les pays baltes actuellement, cherché l'intégration de l'Ukraine et de la Géorgie à l'OTAN. C'est dans ce cadre que l'administration BUSH a poussé (ou au minimum, n'a pas dissuadé) le Président géorgien SAAKACHVILI, à attaquer et envahir l'Ossétie du Sud, en imaginant que la Russie ne réagirait pas avec force et rapidité.

Rappelons que les 2 provinces Ossétie du Sud et Abkhazie sont indépendantes. Pour l'Ossétie du Sud, à majorité russe, la question du séparatisme était réglée par un accord en 1990. Depuis 1992 pour les Ossettes et 1994 pour les Abkhases, avec leur victoire militaire sur les forces géorgiennes, ces 2 provinces de fait étaient indépendantes.


On notera un parallèle entre cette situation, avec la reconnaissance de l'indépendance de ces 2 provinces par la Russie (Président et Douma), et la reconnaissance bien immédiate de l'indépendance du Kosovo par l'Union européenne et les autres puissances occidentales, en 1er lieu des U.S.A.

Il ne peut y avoir, pour résoudre durablement cette situation qu'un reconnaissance par la communauté internationale de l'indépendance de ces deux « provinces », le retrait total des troupes russes de la Géorgie et l'envoi sur place d'observateurs pour garantir le plan de Paix proposé par l'U.E. avec SARKOZY (qui pour une fois n'a pas suivi les sollicitations des Etats-Unis, c'est-à-dire s'assurer que les troupes géorgiennes ne réinterviennent pas dans les territoire indépendants.

C'est ce qui se passe actuellement sur le terrain.


Mais de grands risques demeurent. La Géorgie avait posé sa candidature pour son adhésion à l'OTAN. Si la procédure n'est pas ouverte, il faut noter que le Secrétaire Général de l'OTAN, en visite en Géorgie en Août dernier, avait émis des critique sur la position de la France et une commission « OTAN-GEORGIE » a été inaugurée.

La situation dans cette région et dans l'ensemble du Caucase reste extrêmement dangereuse pour la paix dans ce secteur et aussi pour la Paix dans le monde.


Cuba

 

Après le passage de plusieurs cyclones dévastateurs, les dommages matériels, économiques et sociaux sont considérables. On notera avec respect et admiration pour ce peuple et ses autorités le sens civique et humain qui les a conduits à prendre toutes dispositions d'organisation pour le transfert de population (on parle de 2 millions) pour leur mise en sécurité. Ce plan est sans équivalent dans d'autres pays aux moyens modestes, ni même aux Etats-Unis qui comptent à chaque cyclone majeur de nombreuses victimes.

Ceux qui dénigrent si facilement Cuba et souvent sans fondement devraient avoir un peu plis de décence.

Le peuple cubain a besoin de la solidarité internationale et de la notre.

Nous avons des relations amicales et fraternelles avec ce peuple et ses organisations de combattants.


L'A.R.A.C au plan national, des Conseils départementaux et des sections locales ont déjà répondu à cet appel à la solidarité matérielle et financière. Un loto aura lieu dimanche 23 novembre à Villejuif à 14 h. Que ce soit une nouvelle étape de notre solidarité. Que pouvons-nous faire de plus ? Dans quelles conditions ? Quels objectifs se fixer ?A vous de décider ce qui peut être envisagé.


Village de l'Amitié de VAN CANH


Rappelons notre engagement, solidaire, à développer sans cesse. Dons individuels, de sections, de Conseils départementaux, prises d'initiatives avec film, débats, expositions, ventes d'objets vietnamiens, initiatives pour faire connaître plus largement ce Village, ses réalisations et le rôle original de l'A.R.A.C., les pistes sont nombreuses. Nos efforts doivent se développer et s'élargir vers l'opinion publique.

Le Comité pour le Village de l'Amitié de VAN CANH est à votre disposition pour aider à organiser de telles initiatives.


Mon propos a été sûrement très incomplet et pourtant trop long. Il manque de propositions concrètes d'initiatives et d'action. Il n'aura que survolé les grands sujets et il n'aura pas traité de la situation au Moyen-Orient.

Mais la discussion et vos décisions vont nourrir et enrichir ces sujets.



                                                                                        

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